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Un artiste au quotidien au tournant du XXe siecle: Le cas de Ludger Larose (1868--1915)

Posted on:2010-10-27Degree:Ph.DType:Dissertation
University:Universite du Quebec a Trois-Rivieres (Canada)Candidate:Longstaff, AlisonFull Text:PDF
GTID:1445390002487782Subject:Biography
Abstract/Summary:
Dans le prolongement de notre memoire de maitrise, dans lequel nous avons etudie les idees et l'engagement intellectuel de Ludger Larose (1868-1915), nous poursuivons l'analyse de la vie de ce peintre, professeur de dessin, franc-macon, esperantiste et libre-penseur anticlerical, en nous appuyant sur la documentation conservee par sa famille, et notamment sur son journal intime. D'une richesse insoupconnee, cette documentation nous fait penetrer dans son univers quotidien et permet d'explorer et de comprendre de nombreuses facettes de la vie d'un individu complexe et equivoque. Notre problematique part de ce qui pourrait sembler antinomique chez Larose: qu'un libre-penseur epris de modernite produise un art traditionnel, paradoxe qui incite a une reflexion sur la modernite de la societe et de l'art au Quebec a la Belle epoque. Il s'avere que Larose considere que la mission du peintre canadien a ce moment est de participer a la mise en place d'un systeme d'enseignement local, d'ou sa volonte de transmettre un art "academique", techniquement correct, accessible a la collectivite, un art servant au relevement du Canada francais. Mais si son art est traditionnel, ses idees sur l'art, inspirees de l'approche sociologique et positiviste d'Hippolyte Taine, sont intimement liees a la modernite intellectuelle, ce qui rend compte des changements de mentalites en rapport a l'art dans la periode appelee "premoderne". Ses ecrits intimes demontrent que Larose ne se borne pas a la pratique de l'art; il investit des energies a de nombreuses autres activites. Il manifeste une passion pour l'enseignement comparable a celle qu'il ressent pour l'art. Par les nombreuses transactions immobilieres, l'exploitation d'une imprimerie et des placements d'argent, Larose se montre un homme d'affaires nettement interesse a sa mobilite ascendante. Du meme coup, son journal fait decouvrir un mode de vie qui reflete celui d'une partie de sa classe sociale, la petite bourgeoisie francophone montrealaise du tournant du siecle. A l'intime, plusieurs pratiques prouvent que Larose est un penseur moderne et progressiste: sa curiosite intellectuelle, ses lectures, son feminisme et son ouverture face a des pratiques nouvelles telles que l'hypnotisme et l'esperanto; par son anticlericalisme, son darwinisme et son ouvrierisme, il est evident qu'il va plus loin que bon nombre de reformistes autour de lui. Sa vie associative reflete ses positions progressistes. Dans une douzaine d'associations, comme la loge maconnique l'Emancipation, la Saint-Vincent-de-Paul, le Club de l'Independance du Canada et la Ligue de l'Enseignement, il utilise sa position sociale de petit bourgeois comme plate-forme a partir de laquelle stimuler le progres et les reformes. Nous remarquons qu'il evolue progressivement vers l'action politique et une lutte de plus en plus ouverte pour le progres. L'etude de ses relations sociales pour quatre annees (1894, 1896, 1901 et 1907) revele qu'il circule dans une variete de reseaux sociaux qui sont non seulement des regroupements ponctuels ou se vit une convivialite petite-bourgeoise, mais aussi, a en juger par les individus que Larose identifie, des lieux d'expression du projet social de l'aile progressiste de la petite bourgeoisie francophone du tournant du siecle. Les frequentations du reseau des artistes prouvent que les peintres francophones a Montreal se livrent a une sociabilite reelle mais qui n'aboutit pas a une vie associative formelle. L'analyse approfondie des differents aspects de la vie de Larose a permis de percevoir la coherence derriere des ambivalences apparentes chez lui: a la fois petit bourgeois et progressiste non loin du socialisme, artiste et capitaliste, anticlerical et ami des membres du clerge, universaliste et nationaliste. A travers ses interets et prises de position varies, il ne se contredit pas, car il tend invariablement vers les memes buts: le progres, l'amelioration de la condition humaine, la fin de l'asservissement et le respect de la dignite individuelle et collective. En plus d'arriver a une appreciation plus nuancee d'un individu dans ses constances et dans sa globalite, nous avons pu rendre compte des idees modernes qui animaient la societe quebecoise du tournant du siecle, tout en demontrant qu'il n'y a pas necessairement adequation parfaite entre modernite et art moderne.
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