Entre le silence et la parole du droit: Du discours des chartes au Canada en regard de la discrimination vecue par les femmes

Pourquoi l'experience de la discrimination telle que vecue par les femmes n'est que partiellement reconnue par le texte meme des chartes des droits au Canada? Voila le questionnement de cette these. Dans un premier temps, la methodologie qui sert d'outil a mon analyse est presentee: soit la theorie semiotique de Algirdas J. Greimas, laquelle sera par la suite adaptee aux imperatifs d'une analyse de discours juridiques que sont les textes de loi et la jurisprudence. Procedant d'abord a un survol historique de cette theorie, j'introduis ensuite a son metalangage et a sa grammaire par un exemple de son application "classique". Dernier point de cette premiere partie, une analyse semiotique de certains textes representatifs du discours juridique sur le harcelement sexuel sera l'occasion d'un exercice d'adaptatation de la methodologie, par une approche sociosemiotique et feministe. Cette premiere application identifie une logique fondamentale au discours sur le harcelement sexuel, soit la protection des interets des hommes. Dans un deuxieme temps, mon analyse porte sur l'ensemble des chartes des droits au Canada, federales, provinciales et territoriales, dont j'etudie la neutralite afin de repondre a l'interrogation suivante: qui peut beneficier des droits de la personne au Canada? Un examen des textes des chartes, de leur adoption a aujourd'hui, demontre qu'elles n'ont que tres peu change dans leur orientation: il y a absence d'une recherche de reponse effective aux problemes vecus par les femmes. Malgre les engagements internationaux du Canada visant l'amelioration des droits des femmes, le texte des chartes, ou discours des chartes, est silencieux sur de multiples aspects de la discrimination qu'elles vivent. De plus, ces lois n'enterinent qu'une timide portion de traites internationaux pourtant importants pour les femmes. Le discours des chartes repose sur des fondements androcentriques. L'absence de contextualisation et de recherche d'adaptation a la realite des femmes provient du referent semantique de ces lois: la collegialite des hommes. Le texte des chartes se fonde sur la protection democratique des acquis des hommes en societe, et ces acquis sous-tendent l'exclusion des femmes.