Le roman comme lieu de rehabilitation et d'idealisation: 'Beaute baroque', de Claude Gauvreau

Suite a la mort de Muriel Guilbault en 1952, Claude Gauvreau redige Beaute baroque, une oeuvre visant a rehabiliter le souvenir de cette jeune femme. Seulement, au lieu d'ecrire explicitement une biographie, il met en scene Muriel Guilbault a l'interieur d'une oeuvre romanesque. Le projet de Gauvreau semble alors contradictoire. D'une part, il desire ramener la femme vers la realite en retablissant les faits qui ont marque sa vie et ainsi denoncer l'attitude scandaleuse de la societe face a l'unicite que l'actrice incarne. D'autre part, il la fictionalise en l'integrant au pantheon des femmes mythiques surrealistes elle devient ainsi un etre extraordinaire qui permet a l'ecrivain d'atteindre le surreel. La presence de ces dimensions referentielles et fictionnelles dans une meme oeuvre engendre donc des tensions que Gauvreau arrive tout de meme a reconcilier. Il utilise le cadre romanesque pour projeter ses fantasmes d'union avec la femme sur la realite. Des lors, ecrire un roman permet a Gauvreau de donner son heroine en exemple: elle devient le symbole de l'acharnement de la societe contre l'unique, et de cette facon un etre immortel.